• Les cabanes de bergers, le rappel d'une tradition ? 

Quelles sont les régions concernées par cette tradition ?
La tradition constructive de cabanes en pierre sèche s'affirme dès la deuxième moitié du 17ème siècle et couvre de nombreuses régions françaises sous des formes et des appellations diverses.

L'extension géographique de ces cabanes a été cartographiée pour la première fois en 1978 par C. Lassure et M. Rouvière du Centre d'étude et de recherche de ce type d'architecture, puis actualisée jusqu'en 2005.
Les départements et zones d'implantation identifiés sont au nombre de 52 (selon C Lassure), sur un territoire couvrant les 2/3 du sud de la France.
Le Jura, la Saône et Loire, la Haute Saône étant les zones d'implantation les plus au nord.

Quelle traduction dans le Jura ?
Dans le Jura cette tradition concerne le premier plateau, de nombreuses cabanes étant encore visibles dans une vingtaine de communes.
En 1999, un recensement permettait de dénombrer pas moins de 80 abris sur la commune de Granges sur Baume.

Ainsi, au cours des promenades, on peut apercevoir de nombreux murs de pierres, appelés murgers, qui enserrent les prés. A l'intérieur de ces murs on observe parfois la présence de cabanes. Ces constructions en pierre sèche s’abîment au fil du temps. Ayant perdu leur fonction, elles ne sont plus entretenues et certaines sont en ruine.

Quelle est l'origine de ces cabanes ?
La terre du premier plateau, bien que fertile, est rare et des bancs de calcaire affleurent. Pour tirer parti de leur terre les paysans ont dû enlever les pierres.
Construire des murs était donc la meilleure façon de ne pas perdre d'espace tout en délimitant les parcelles. Ils mirent aussi à profit ces pierres en construisant des cabanes. La majorité de ces abris sont situés loin des villages, dans des parcelles cultivées au XIXème siècle, puis transformées en pâtures ou retournées à la friche ou à la forêt au XXèm siècle. Elles ont probablement servi d'abri aux journaliers venus de la vallée et passant la journée à travailler les champs.

Si leurs constructeurs furent des paysans, leurs derniers utilisateurs furent des bergers, lorsque l'agriculture a évolué et que l'élevage a pris le dessus sur les cultures, d’où leur appellation actuelle : les cabanes de bergers.

Que savons-nous de leur architecture?
Les cabanes sont de taille réduite, allant de 0,5m² pour les plus petites à 6 m² pour les plus grandes.
Elles sont en majorité orientées dos au vent dominant qui souffle du Sud-Ouest.
A l'intérieur des bancs de pierre longeant les parois permettent de s'asseoir. Leur hauteur est étudiée afin de ne pas se cogner la tête, y compris en se relevant de la position assise.
La méthode de construction est dite à encorbellement : la base de la cabane est droite, puis la voûte est formée par dépassement de la pierre supérieure par rapport à la pierre inférieure.

Ces cabanes, assemblages de pierres plates sans utilisation de mortier, relèvent « d'une architecture sans architecte » ou « anonyme », en ce sens qu'elles ne sont l’œuvre, non pas d'architectes (contrairement aux bâtiments religieux, militaires et civils de ces époques passées), mais de paysans ouvriers auto-constructeurs ou de maçons dont les noms se sont perdus. Peu d'entre elles, malheureusement, sont datées.


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 Les sources : www. lasophe.com, lesescapadesdeustache.wordpress.com, fr .wikipédia.org/wiki/cabanes

                       http://www.pierreseche.com/temoins_france.html#27 de Christian Lassure

 

  • Une cabane construite en 2015, par Jean Jacquin 

Qu'est ce qui vous a motivé pour construire cette cabane de bergers ?

« Tout d'abord Danielle Grevillet, André Noir et moi-même avons eu l'idée de construire un mur sur une centaine de mètres à l'entrée du village avec le concours de Claude Buchin pour la récupération des pierres dans l'un de ses champs. Après bien des heures passées à trier, empiler et caler les pierres nous avons fini notre ouvrage en 2012 ».

« Ensuite, avec le temps, je me suis dit qu'une cabane de berger érigée dans ce mur serait une bonne chose. Tout d'abord, pour rappeler le patrimoine. En se promenant dans la nature nous constatons que ces cabanes de bergers se détériorent au fil du temps. Et puis je voulais aussi par la même occasion laisser quelque chose de moi-même pour ma commune à une époque où le bénévolat tend à disparaître ».

Concrètement comment avez-vous entrepris cet ouvrage ?

« En me promenant, j'ai repéré une cabane de bergers ,à moitié démolie par la végétation. L'idée a germé et je me suis dit, il faut y aller ! J'ai donc contacté le propriétaire pour avoir son accord pour récupérer les pierres et ensuite j'ai soumis mon projet à Monsieur le Maire afin d'avoir le feu vert. Aidé par Christian Noir et Didier Besson pour l’acheminement des pierres, il a fallu prendre son courage à deux mains et commencer par démolir une partie du mur et définir l'emplacement de la cabane. Ensuite j'ai reproduit à l'identique un modèle laissé par les ancêtres, tout s'est enchaîné, pendant mes heures libres sur une période d'un an, j'ai trié, taillé, ajusté pierre après pierre avec comme seuls outils un marteau, une chasse, une broche et un burin... et c'est environ 45 à 50 tonnes de pierres qu'il a fallu charrier. ».

D'où vous vient cette expérience ?

«  Ayant l'amour pour les vieilles pierres et les matériaux nobles, j'ai enchainé les tâches, pris plusieurs photos, pris des mesures, repéré la façon dont sont disposées les pierres, avec un peu de savoir-faire, un peu de bon sens et en mélangeant tout ceci, on en sort une cabane de berger à l'entrée du village de Granges sur Baume ».

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  • Sur le territoire de Granges sur Baume, un circuit pédestre pour mieux connaître les cabanes

Depuis une vingtaine d'années, des efforts de préservation sont menés en faveur de ces constructions en pierre sèche.
Certaines ont été restaurées, d'autres reconstruites (voir chapitre ci dessus).
Elles n'ont, bien sur, plus d'utilité, mais font partie de l'identité locale. Les habitants gardent de nombreux souvenirs de ces cabanes comme abris, terrains de jeux, lieux de rendez-vous amoureux...
Aujourd'hui 60 % sont en bon état et des mesures territoriales d'aide à l'entretien participent à leur préservation.

Un circuit au départ du belvédère de Granges et retour au même endroit, long de 8 kms, permet de retrouver 11 de ces cabanes.

Ce circuit entretenu et balisé par les soins de la Communauté de Communes de la Haute Seille et inscrit au PDIPR (plan départemental des itinéraires de petites randonnées).

 tracé circuit